Par Anonyme, le
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« Homme libre, toujours tu chériras la mer » C. Baudelaire
Très honnêtement ça n'est pas le sentiment de liberté qui étouffe votre serviteur, en ces temps de confinement mais que voulez-vous, nous allons quand même parler de jeux maritimes.
Petit rappel pour ceux qui n'ont pas lu la première partie (pourtant disponible ici), le thème global de notre cycle est : les jeux de stratégie en temps limité. Pas d'analysis paralysis ici, on parle de jeux dans lesquels la réflexion stratégique est primordiale… mais en temps contraint.
Et après les jeux de cuisine, les jeux de navigation semblent bien adaptés a l'idée générale d'urgence et de prise de décision rapide. Voici nos chouchous !
Captain Sonar (chez Matagot) est un jeu par équipe. Deux équipages vont s'y affronter. 2 à 4 joueurs par équipage (soit 4 à 8 joueurs, le jeu prenant toute sa saveur à partir de 6 joueurs) montent à bord de leurs sous-marins. Mais il ne peut en rester qu'un ! A vous de faire en sorte de couler le navire adverse afin de célébrer la victoire avec votre équipage.
Vous allez être disposés de part et d'autre de l'espace de jeu (la table du salon doit donc être assez grande). Les règles expliquées en 10 minutes sont assez intuitives pour ne pas avoir à revenir dessus une fois comprises. Une partie de démonstration peut être toutefois nécessaire pour initier votre grand-oncle qui n'a pas trop l'habitude des jeux plus complexes que le scrabble. Une partie dure un peu moins de 30 minutes. Mais vous risquez de vouloir les enchaîner encore et encore. Préparez-vous à y passer la soirée.
Autre avantage du jeu : chacun, au sein d'un équipage, a un rôle différent qui plaira plus ou moins en fonction de la personnalité de chacun. La grande gueule se fera une joie d'être capitaine, quand son ami plus discret (mais aux capacités de concentration sans pareilles) se fera une joie d'être opérateur radio.
Justement ces rôles, quels sont-ils ?
· Au milieu, un peu sur babord, se tient le capitaine. C'est lui qui tient la barre et décide de la trajectoire du sous-marin, en évitant les îles se trouvant sur la carte. Charge à lui également d'utiliser l'ensemble des équipements du sous-marin : les armes comme les outils de détection… ou le très précieux silencieux.
La carte des lieux, le capitaine en a une pour dessiner la trajectoire de son navire. Le détecteur pour placer les déplacements adverses
· A ses côtés, le détecteur. Il est à l'écoute du capitaine adverse et entend tous ses ordres. C'est à lui que revient la charge de repérer le navire ennemi. Pour cela il reconstitue sa trajectoire sur une feuille de plastique transparent. Il essaye au fur et à mesure de déterminer d'où il est parti et surtout d'indiquer à son capitaine où se trouve la cible.
· A tribord du capitaine, le second. C'est à lui de préparer les équipements. A chaque mouvement initié par le capitaine il doit choisir sur quel équipement mettre une croix. A lui aussi de prévenir le capitaine de ce qui est prêt à être utilisé (en assurant également la liaison avec le mécano).
La liste des équipements que va pouvoir charger le second. En haut à droite l'indicateur des points de dégâts.
· A tribord toute, le mécano. Peut-être ne vous l'a t-on pas trop dit en début de partie, mais le sous-marin sur lequel vous êtes montés n'est pas complètement opérationnel. Et à chaque mouvement initié par le capitaine, il s'abîme davantage. C'est au mécano de déterminer comment faire face à ces avaries et faire en sorte qu'elles ne rendent pas le navire complètement inopérant en désactivant successivement tous les équipements. Mais s'il guide le capitaine vers les bonnes décisions, il peut arriver à réparer la boite de conserve dans laquelle vous êtes tous enfermés.
Le plateau du mécano. Chaque coche peut désactiver une partie des équipements.
Une fois ces rôles connus, c'est assez simple : chaque capitaine choisit un point de départ sur la carte et c'est parti ! Les ordres s'enchaînent et chaque navire cherche à identifier la position adverse pour le cribler de missiles ou s'assurer de faire exploser des mines sur son passage. Le premier navire à recevoir 4 points de dégâts restera sous l'eau pendant que l'autre équipage se congratulera suite à cette victoire bien méritée.
Captain Sonar est un jeu incroyablement rythmé et intense qui permet d'animer des sessions de jeux entre 6 et 8 joueurs (à moins de 8 les rôles du second et du mecano peuvent être regroupés). A la fin de chaque partie, les joueurs ont l'impression de sortir d'un combat de boxe en 12 rounds et pourtant la furieuse envie de remonter à bord.
A noter qu'il existe également une version plus familiale, Sonar Family :
Dans cette version, vous ne serez plus que deux à bord par équipage. Le jeu est donc clairement plus adapté aux familles (enfin, sauf les familles nombreuses, évidemment). Les équipements y sont d'ailleurs moins nombreux et plus simples d'utilisation.
Dans une Histoire de Pirates (de Cranio Création) les joueurs jouent également un équipage : celui de la belle Ellen. Un rafiot fraîchement volé dès la sortie de la prison où ils étaient enfermés. Et il va leur en arriver des choses sur ce bateau.
Le jeu propose en effet 10 scénarios de jeux, tous rejouables. Tous ensemble les joueurs devront donc faire face à de multiples aventures.
Chacun des 10 scénarios de jeu vous offre un objectif et des obstacles différents. Cela renouvelle vraiment le jeu de partie en partie, sans pour autant rendre le jeu jetable puisque, même la campagne terminée, les joueurs pourront rejouer leurs scénarios préférés sans que leur plaisir ne soit le moins du monde gâché.
Si Une Histoire de Pirates est conçu pour être un jeu très familial (à partir de 8 ans), de 2 à 4 boucaniers adultes y trouveront également leur plaisir. On déploie le magnifique bateau en 3D sur la table. Un joueur télécharge l'application gratuite sur son téléphone ou sa tablette et c'est parti !
Les règles de base sont vraiment simples et chaque scénario a ses règles spécifiques qui sont clairement détaillées dans l'application. On ouvre la pochette scellée qui contient le matériel spécifique pour le scénario en cours. La mise en place est bien détaillée et il ne reste plus qu'à cliquer sur "c'est parti".
Le temps s'écoule alors sur le téléphone, qui se permet même parfois de vous glisser quelques chausse-trappes. Charge aux joueurs de se répartir les rôles pour remplir la mission commune.
Un peu comme dans Kitchen Rush que nous avons vu la dernière fois, chaque joueur dispose d'un sablier qui lui permet de faire les différentes actions possibles : on se pose sur une des cases du bateau et dès le sablier terminé, l'action est faisable (on peut aussi décider d'attendre mais gare aux trop grosses pertes de temps !).
Les actions à disposition sont nombreuses :
La coordination est essentielle pour ne pas perdre de temps précieux. Il est important de coordonner les actions (charger les cannons avant de s'en servir, mais aussi orienter le navire dans la bonne direction avant de tirer). La difficulté est ajustable via l'application qui vous donne même une note (de une à trois étoiles) quand vous avez réussi, un peu sur le modèle des jeux vidéos.
Quelques ennemis possibles
Au final un jeu au matériel très plaisant et très immersif. Le thème est très présent et les scénarios varient bien le jeu d'une partie à l'autre. Avec les plus jeunes comptez sur l'effet Woaw ! en sortant le bateau, et pour tous un jeu dans lequel toutes les décisions ont du poids.
Panic Island est un jeu édité par Old Chap (oui, les mêmes qui nous ont crédités du fameux Fiesta de los Muertos, coup de cœur 2020 un peu partout). C'est le jeu le plus rapide de notre sélection puisque le destin des joueurs est fixé en... 2 minutes chrono.
Parce que figurez-vous que tout se passait bien sur votre île jusqu'à l'éruption du volcan. Et là, il vous reste deux minutes et pas une seconde de plus pour sauver la tribu, leurs dodos et les œufs de dodo par-dessus le marché.
Panic Island est une variante, disons... musclée du Memory.
24 tuiles sont réparties au hasard, face cachée, autour du volcan, lui aussi face caché et qu'il ne faut jamais, mais JAMAIS retourner. Panic Island se joue de 1 à 8 joueurs qui, chacun leur tour, retournent deux tuiles. Si l'une des deux tuiles est un piège, tous les joueurs ont un gage, qu'il va falloir faire évidemment le plus rapidement possible.
Si on retourne un dodo et un œuf de la même couleur, le dodo sauve l'œuf. De la même façon un humain sauve un dodo de sa couleur. Pour sauver les humains, il faut faire appel au grand Gouga, mais il ne peut intervenir qu'une seule fois par partie et les joueurs devront lui désigner tour à tour les différentes cartes qu'ils veulent sauver, sans se tromper sur leur nature. Et en cas d'erreur ? Gouga s'en va à jamais.
Sauvez un maximum de tuiles, évitez les pièges et, bien sur, vous ne pourrez pas partir sans avoir trouvé, parmi les 24 tuiles, le radeau et la pagaie.
A la fin de deux minutes endiablées, au cours desquelles ceux qui se souviennent maudissent intérieurement (ou extérieurement d'ailleurs, parfois ça soulage) ceux qui tombent pour la troisième fois sur la ruche ou la tornade, si on a réussi à s'enfuir et à ne pas déclencher l'éruption volcanique, on fait un décompte de ce qu'on a réussi à sauver. Et en général on recommence avec la furieuse envie de faire mieux. Panic Island c'est ridicule, c'est énervant et c'est tant mieux.
A noter l'existence là aussi d'une version junior : Little Panic Island, avec un thème plus enfantin, moins de pièges mais qui conserve la composante mémoire mêlée au rythme effréné des parties.
Pour ceux qui n'aiment pas obéir, que ça soit à un chef ou à un capitaine... Et bien il ne reste qu'à attendre la troisième partie de notre panorama !
